La communauté scientifique tire la sonnette d’alarme quant aux effets des plastiques sur la santé humaine et dit que la situation s’aggrave tant que la production de plastiques continuera d’augmenter.
Une trentaine de chercheurs de renom expose ainsi un état des lieux compilant les données les plus récentes sur les multiples impacts sanitaires des plastiques.
Un rapport publié ce 4 août dans le journal médical « The Lancet » évalue à 1.500 milliards de dollars par an l’impact de la pollution plastique sur la santé humaine.
Les scientifiques, les médecins, les ONG de défense de l’environnement alertent depuis plusieurs années sur les conséquences néfastes des plastiques sur la santé humaine et sur l’environnement », explique Hervé Raps, médecin délégué à la recherche au Centre scientifique de Monaco et l’un des auteurs de l’étude. » Ce rapport permet cependant de faire un état des lieux actualisé et de replacer la question de la santé humaine au centre des débats. »
« Souvent, quand on parle des problèmes liés au plastique, on se focalise uniquement sur la question des déchets”, note le spécialiste. « En réalité, les plastiques mettent en danger les populations à chaque étape de leur cycle de vie, depuis leur extraction jusqu’à leur élimination », en provoquant tout au long du processus des maladies et entraînant la mort de milliers de personnes.
Pour cause, plus de 98 % des plastiques sont fabriqués à partir de pétrole, de gaz et de charbon – des énergies fossiles. Quand ils sont produits, ils gardent avec eux de nombreuses substances particulièrement nocives comme le benzène, le formaldéhyde, le chlorure de vinyle, le dioxyde de soufre ou encore les oxydes d’azote.
Les premières personnes concernées par les effets délétères du plastique sont donc les ouvriers et ouvrières qui travaillent sur les sites de production. Selon l’étude, leur exposition à ces substances chimiques toxiques entraîne chaque année environ 35 000 décès prématurés.
Aux travailleurs, s’ajoutent toutes les populations vivant à proximité de ces installations industrielles. Environ 16 millions de personnes seraient concernées, vivant à moins de cinq kilomètres d’une plateforme chimique de production de plastiques,estimait Greenpeace dans un rapport fin juillet.
Et la production de plastique génère également de la pollution atmosphérique. « D’autant plus que plus de la moitié des déchets plastiques sont encore brûlés à l’air libre, notamment dans des décharges à ciel ouvert », note Hervé Raps.
Les chercheurs disent que la situation s’aggrave tant que la production de plastiques continuera d’augmenter. La quantité de plastiques produite dans le monde est déjà passée de deux millions de tonnes en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022, rappelle le rapport. Si rien n’est fait, la consommation mondiale de plastique pourrait tripler d’ici 2060, selon les projections de l’OEDC.
Aujourd’hui, moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés ce qui fait que huit milliards de tonnes de déchets polluent la planète.
L’équipe de chercheurs, qui réunit des scientifiques du Boston College, de l’université Heidelberg en Allemagne et du Centre scientifique de Monaco, entend donc continuer à suivre l’évolution de cette « crise des plastiques » et de ses conséquences sur la santé. De nouvelles études devraient paraître tous les deux ans, la prochaine étant prévue pour l’automne 2026.
Car les auteurs de l’étude s’entendent sur un point majeur : l’impact de cette pollution plastique pourrait être atténué à condition d’adopter des mesures ambitieuses. «
Mardi 5 août, les États du monde entier se réunissent à Genève, en Suisse, pour d’ultimes négociations visant à élaborer un premier traité international sur la pollution plastique.
À ceux qui se réunissent à Genève: s’il vous plaît, relevez le défi et l’opportunité de trouver un terrain d’entente qui permettra une coopération internationale significative et efficace en réponse à cette crise mondiale », appelle ainsi dans un communiqué Philip Landrigan, médecin et chercheur au Boston College aux États-Unis, principal auteur de l’étude.
France24