Depuis près de sept mois, la ville de Goma, en République démocratique du Congo, est sous le contrôle de la rébellion du M23. Le mouvement terroriste FDLR, qui y avait établi ses bases dans le but d’attaquer le Rwanda, s’y était illustré par de graves exactions contre des civils.
Avant la prise de Goma, plusieurs Rwandais exerçant de petits commerces transfrontaliers entre Rubavu et Goma ont subi de lourds abus de la part des combattants FDLR, un groupe fondé notamment par des responsables du génocide contre les Tutsi en 1994.
Parmi les victimes figurent des personnes en situation de handicap, qui travaillaient comme porteurs de marchandises à vélo regroupés au sein de la coopérative COTTRARU, active dans le transport de marchandises entre Rubavu et Goma.
Aujourd’hui, ils disent avoir retrouvé un souffle de liberté depuis la prise de la ville par le M23, qui a mis fin aux pressions exercées par la FDLR.
Deux d’entre eux, Rutinywa Athanase et Neza Issa, ont livré à Imvaho Nshya leurs témoignages sur les détentions arbitraires qu’ils ont subies à Goma.
Rutinywa raconte qu’en 2024, alors qu’il arrivait légèrement en retard au poste frontière de la RDC, il fut arrêté par des combattants FDLR qui le rouèrent de coups. Après s’être fait soigner et avoir signalé son cas aux services rwandais de l’immigration à Rubavu, il reprit son travail. Mais, de retour à Goma, il fut de nouveau interpellé et cette fois conduit en détention.
« Ils m’ont attrapé, je pensais qu’ils allaient me relâcher comme d’habitude. Mais peu après, ils ont apporté des menottes et m’ont emmené dans un lieu où on retenait les papiers de passage », témoigne-t-il.
Grâce à l’intervention des autorités, un contact fut établi avec les services de Goma, ce qui permit sa libération.
De son côté, Neza Issa se souvient d’avoir été enlevé en 2021 par les FDLR, qui l’accusaient d’espionnage au profit du Rwanda. Il fut conduit près de l’aéroport de Goma, dans un endroit où des civils étaient détenus dans des fosses, et menacé de mort.
« Ils m’ont dit que j’étais un agent du Rwanda, ils m’ont menacé en affirmant que ma famille habitait Kabaya et que je n’en sortirais pas vivant », relate-t-il.
Neza explique qu’il fut libéré après avoir dupé ses ravisseurs en prétendant qu’il avait laissé de l’argent à l’endroit où ils l’avaient arrêté. Il a pu ensuite s’enfuir. Depuis la prise de Goma par l’AFC/M23, il a pu y retourner sans crainte.
Les deux hommes confirment qu’ils traversent désormais la frontière sans subir d’exactions et qu’ils n’ont plus été inquiétés depuis la fin du contrôle de la ville par la FDLR.
La ville de Goma est passée définitivement sous le contrôle de l’AFC/M23 fin janvier 2025. Dès lors, plusieurs combattants FDLR ont été arrêtés par ce mouvement et remis aux autorités rwandaises. Parmi eux figure le général de brigade Jean Baptiste Gakwerere, ancien haut responsable militaire engagé aux côtés des FARDC dans l’est du Congo, transféré au Rwanda le 1er mars 2025.