Le non-lieu pour Agathe Kanziga: le parquet fait appel
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Le non-lieu pour Agathe Kanziga: le parquet fait appel

La Nouvelle Releve

août 23, 2025

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a indique qu’il allait faire appel du non-lieu ordonné par des judges parisiennes concernant Agathe Kanziga, veuve de l’ancien Président rwandais, Juvénal Habyarimana, dont elle est accusée de complicité.

Deux juges d’instruction à Paris ont prononcé, mercredi, un non-lieu en faveur d’Agathe Habyarimana, estimant les charges insuffisantes pour la poursuivre pour entente en vue du génocide des Tutsi en 1994.

Selon l’ordonnance de non-lieu datée de mercredi que l’AFP a pu consulter, les juges estiment qu’il “n’existe pas de charges suffisantes contre Agathe Kanziga (Habyarimana) qu’elle ait pu être complice d’acte de génocide” ou pu “participer à une entente en vue de commettre le génocide”. “À ce jour, Agathe Kanziga apparaît non comme auteure de génocide, mais bien comme une victime de l’attentat terroriste” dans lequel ont été tués son mari, son frère et des proches, ajoutent-elles.

Le Pnat a indiqué qu’il entendait faire appel de cette décision.

Agathe Kanziga est visée depuis 2008 par une enquête en France pour complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, ouverte après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).

Les investigations avaient été clôturées en 2022, mais le Pnat, qui comprend un pôle crimes contre l’humanité, avait demandé en août de la même année de nouvelles investigations, demandes qu’il a renouvelées en septembre 2024 en saisissant la chambre de l’instruction et en demandant la mise en examen d’Agathe Habyarimana pour entente en vue de la commission du génocide des Tutsi en 1994.

Mi-mai 2025, les juges d’instruction avaient déjà rendu une ordonnance expliquant les raisons pour lesquelles cette mise en examen n’était pas justifiée.

Le Pnat avait alors formulé un recours, qui n’a pas encore été examiné. Le non-lieu a été ordonné alors que ce recours est toujours « pendant (à l’examen) devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris », ce que le Pnat a mis en avant pour justifier jeudi son intention de faire appel. 

Selon les associations parties civiles, Agathe Habyarimana était l’une des dirigeantes de l' »akazu »– le premier cercle du pouvoir hutu qui aurait orchestré le génocide –, ce qu’elle réfute.

Le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) a assuré jeudi qu’il ne manquera sans doute pas de faire appel de l’ordonnance de ce non-lieu.

Interrogé par l’AFP, l’avocat d’Agathe Habyarimana, Philippe Meilhac, a estimé que cette ordonnance constituait « une immense satisfaction », car « fruit d’un travail de plus de 18 ans ». Cette ordonnance, « très détaillée », « restitue son honneur à Agathe Habyarimana, qui est totalement étrangère aux graves événements que son pays a connus et avant toute chose une victime de l’attentat commis contre son mari », a-t-il affirmé.

Me Patrick Baudouin, avocat de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), partie civile, a jugé de son côté « éminemment regrettable et incompréhensible » l’ordonnance de non-lieu, songeant à faire appel.

Me Emmanuel Daoud, également avocat de la FIDH, estime que « l’implication » de Mme Habyarimana « dans la préparation du plan génocidaire » ainsi que « ses prises de parole après le meurtre de son mari auraient « dû conduire les juges d’instruction à la renvoyer devant la cour d’assises ».

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