Le coordinateur du mouvement rebelle congolais AFC/M23, Corneille Nangaa, a rejeté l’idée selon laquelle le président américain Donald Trump pourrait apporter une solution durable à la crise politique et sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Selon lui, les problèmes du pays dépassent largement la question de l’exploitation minière.

Lors d’une conférence de presse tenue à Goma, capitale du Nord-Kivu ce lundi, Nangaa a reconnu que Trump jouit d’un respect mondial en raison de son pouvoir. Toutefois, il a souligné que les racines de la crise congolaise se trouvent dans l’échec de la gouvernance plutôt que dans les ressources naturelles.

« Trump est le président des États-Unis et tout le monde semble le craindre. Il a sa propre manière de gouverner, mais je ne sais pas si lui ou ses conseillers perçoivent la crise congolaise autrement que comme une opportunité commerciale », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Oui, Trump est un homme puissant, mais cela ne me pose aucun problème. Je me bats pour mes droits et ceux du peuple congolais. Même s’il tentait d’imposer sa force, cela ne changerait pas grand-chose. »

Nangaa a accusé le président Félix Tshisekedi de chercher un appui extérieur pour se maintenir au pouvoir, au détriment de la souveraineté nationale.

Dressant un tableau sombre de la situation en RDC, il a évoqué les pillages au Katanga, les violences en Ituri et l’extrême pauvreté à Mbuji-Mayi, tout en critiquant l’état de la capitale. « Kinshasa est la ville la plus sale du pays. Même l’aide destinée aux victimes de guerre est détournée », a-t-il fustigé.

Selon lui, l’effondrement de la RDC est dû avant tout à la mauvaise gouvernance et à l’absence de justice. « Même si l’on emportait tous les minerais, les Congolais continueraient de souffrir de discrimination, de faim et de violences. Nos vrais problèmes sont les populations qui meurent en Ituri, celles qui vivent enclavées au Katanga et celles qui meurent de faim à Mbuji-Mayi. Ce sont ces défis que nous devons résoudre », a-t-il insisté.

Nangaa a en outre accusé Tshisekedi d’avoir rompu l’accord de paix signé en juillet 2025 à Doha en privilégiant la guerre au dialogue. Il a dénoncé de nouvelles offensives militaires dans l’Est du pays, menées selon lui en violation du cessez-le-feu.

« Des avions de combat, des drones et plus de 30 000 hommes ont été mobilisés pour accomplir cette sale besogne. Tshisekedi et son régime veulent imposer par les canons ce qu’ils ont refusé de négocier à la table des discussions. Ils espèrent noyer dans le sang les aspirations légitimes d’un peuple qui ne demande qu’à vivre libre, en sécurité et dans la dignité », a-t-il ajouté.

Le chef de l’AFC/M23 a averti que ces actions avaient créé « une crise humanitaire sans précédent » et accusé le gouvernement de trahir le processus de paix négocié à Doha. Il a réaffirmé que son mouvement restait engagé dans le dialogue, tout en affirmant qu’il ne reculerait pas devant la nécessité de protéger les civils.

Enfin, Nangaa a vivement critiqué le leadership de Tshisekedi, l’accusant d’avoir démantelé l’armée congolaise (FARDC), affaibli le système judiciaire et gouverné sans légitimité.

« Mes collègues et moi avons clairement dit que nous ne retournerons jamais en exil. Nous sommes fatigués. Nous sommes rentrés chez nous et nous y resterons. Ceux qui pensent que nous partirons, où veulent-ils que nous allions ? », a-t-il conclu.