Au Kenya, une plainte collective entend mettre au jour la répression des premières années du gouvernement de Jomo Kenyatta, père de l’Indépendance. Cette plainte a été déposée vendredi par d’anciens guerriers Mau Mau.
Le groupe Mau-Mau fut un mouvement insurrectionnel du Kenya qui a combattu le colon britannique de 1950 à 1960.
Selon RFI, ce sont les combattants Mau Mau du comté de Meru, dans le centre du Kenya qui ont porté plainte notamment contre la Commission nationale kényane des droits de l’Homme et de l’égalité accusant Jomo Kenyatta d’assassinat, de torture et de brutalité.
Les faits dénoncés se sont passés entre 1961 et 1965 durant la fin de l’ère coloniale et après l’indépendance intervenue en 1963. « C’est lorsque le président a annoncé qu’il n’y aurait pas de redistribution des terres que tout a dégénéré », explique dans une déclaration sous serment, Joseph M’arunga, 90 ans, ancien guerrier Mau Mau.
Les plaignants dénoncent une véritable persécution menée par Jomo Kenyatta à l’encontre des Mau Mau, sous couvert de « lutte contre le terrorisme ». Ils en veulent pour preuve l’assassinat de trois cadres Mau Mau de Meru par la police kényane dont les corps ont été exposés trois jours dans le stade de Kinoru.
Ils demandent des dommages et intérêts et invitent les autres guerriers Mau Mau dans le pays, ainsi que leurs familles, à rejoindre leur action collective.
En octobre 1952 après une campagne de sabotages et d’assassinats imputée à des Mau Mau, les Britanniques instaurent l’état d’urgence et organisent des opérations militaires à leur encontre.
Fin 1956, selon l’historienne Caroline Elkins, plus de 100 000 insurgés et civils ont été tués au cours des combats ou dans les massacres qui caractérisent la répression et plus de 300 000 autres Kikuyu sont détenus dans des camps à l’intérieur desquels des tentatives pour les amener à adopter les vues politiques du gouvernement ont été entreprises.