La République Démocratique du Congo n’est plus gouvernée, elle est exploitée. Sous Félix Tshisekedi, la présidence s’est transformée en une entreprise familiale où l’État est une façade, les forces de sécurité des gardiens privés, et les mines, un butin à partager.
Ce n’est plus un secret : dans les profondeurs du Katanga, la Garde Républicaine – censée protéger le chef de l’État – garde désormais les entrées de sites miniers illégaux. Des soldats, fusil au poing, filtrent les visiteurs, non pas au nom de la loi, mais au nom du profit. Et derrière ce dispositif militarisé se cachent des noms que personne n’ose prononcer à Kinshasa: Thierry, Christian, Roger et Bobo Tshisekedi.
Les rapports de la société kazakhe Eurasian Resources Group (ERG), pillée à hauteur de 2 milliards de dollars par an, dressent un constat glaçant : les concessions minières du Lualaba et du Haut-Katanga sont devenues le terrain de jeu d’un réseau mafieux mêlant proches du président, hommes d’affaires étrangers et militaires congolais.
Sous le prétexte de « formaliser l’artisanat minier », le pouvoir a institutionnalisé le chaos. Des coopératives fictives servent de couverture à un trafic massif de cuivre et de cobalt, supervisé par des membres du clan présidentiel et protégé par la Garde Républicaine. On parle ici de millions de dollars par jour qui échappent au trésor public, mais financent la corruption, les ambitions personnelles et parfois même des réseaux étrangers comme Hezbollah, selon les enquêtes d’ERG.
Il faut dire que la liste des complices est éloquente. Le conseiller privé du président, Kahumbu Mandungu Bula, apparaît dans plusieurs échanges avec les meneurs du “cartel libanais”. Les gouverneurs, les officiers, les frères du chef de l’État, tous semblent pris dans une toile d’intérêts croisés où la loyauté se mesure non pas à la nation, mais à la part du gâteau.
Pendant que le peuple congolais s’enfonce dans la pauvreté, les convois de cobalt quittent Kolwezi la nuit, escortés par ceux-là mêmes censés défendre la République. Le cobalt, pierre angulaire de la transition énergétique mondiale, devient ici le symbole d’une transition vers la prédation totale.
Même le cercle provincial n’échappe pas à la contagion. À Lualaba, la gouverneure Fifi Masuka Saini, dite “Maman Fifi”, s’est bâti un empire familial en toute impunité. Ses enfants se partagent des postes politiques, des contrats publics et des millions de dollars pour des travaux fantômes. Le ciment des routes qu’ils prétendent construire, c’est la misère des Congolais.
Tshisekedi, jadis présenté comme l’homme du renouveau démocratique, semble aujourd’hui prisonnier de son propre clan. Ses frères négocient avec les groupes miniers, sa sœur apparaît dans les rapports d’enquête, et son entourage transforme la présidence en marché de privilèges. Quand des ONG congolaises et belges ont osé déposer plainte pour corruption et blanchiment, le chef de l’État a réagi comme tout autocrate acculé : il a promis un “nettoyage”. Mais comment nettoyer un système dont il est lui-même le centre?
Le Congo n’a pas seulement perdu ses ressources : il a perdu la vérité. Sous les slogans de la “rupture” et de la “bonne gouvernance”, Tshisekedi préside un pays où la prédation s’habille en réforme, où la famille présidentielle est devenue une entreprise extractive, et où l’armée, censée défendre le territoire, défend les intérêts privés de quelques-uns. À Kinshasa, on murmure que le président n’aurait « rien su ». Faux. Il sait tout. Car pour ne pas voir ce qui se passe dans le Katanga, il faudrait gouverner les yeux bandés et la conscience vendue.
L’histoire jugera Tshisekedi non pas sur ses discours, mais sur les ruines qu’il laisse : un État vidé de sa substance, une armée transformée en société de sécurité privée, et un peuple trahi. Le cobalt, ce métal qui fait rêver les multinationales, devient le miroir d’un pouvoir sans morale. Et tant que le clan présidentiel continuera de creuser pour lui-même, le Congo restera au fond du trou.