Génocide : le Dr Munyemana a perdu son appel devant la justice française
Justice

Génocide : le Dr Munyemana a perdu son appel devant la justice française

Emmanuel KANAMUGIRE

October 24, 2025

La cour d’appel de Paris a confirmé, jeudi soir, la condamnation de Sosthène Munyemana, ancien gynécologue rwandais, à une peine de 24 ans de prison pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité de génocide.

La même peine de prison a été maintenue, condamnant l’ancien médecin à 24 ans de prison.

Munyemana, tristement célèbre pour son surnom de « Boucher de Tumba », a fait appel de la décision rendue en première instance en 2023. Les audiences en appel ont débuté le 16 septembre et se sont poursuivies jusqu’au 23 octobre, réexaminant les événements survenus dans l’ancienne préfecture de Butare pendant le génocide de 1994 contre les Tutsis.

Plus de 40 témoins, tant de la défense que des parties civiles, ont été entendus lors du procès. Le parquet avait demandé le maintien de la condamnation de Munyemana et sa condamnation à perpétuité.

Né en 1955 en commune de Musambira, aujourd’hui dans le district de Kamonyi, Munyemana a fait ses études à l’Université Nationale du Rwanda à Butare, puis a continué à l’Université de Bordeaux II en France, étudiant le traitement des maladies affectant l’appareil reproducteur féminin.

Il vivait à Tumba, dans la préfecture de Butare, où il était accusé d’avoir détenu des civils tutsis au bureau du secteur de Tumba avant de les tuer.

Des témoins ont affirmé que Munyemana avait activement participé à des réunions encourageant l’extermination des Tutsis. Ils ont également affirmé qu’il détenait la clé du bureau du secteur de Tumba, où de nombreux civils tutsis ont été emprisonnés avant d’être tués. D’autres témoignages l’ont accusé d’avoir joué un rôle dans le génocide qui a fait plus d’un million de morts.

Tout au long des audiences, Munyemana a clamé son innocence, affirmant avoir secouru des personnes plutôt que de leur avoir fait du mal. Son équipe de défense, composée de cinq avocats, a plaidé qu’il n’avait joué aucun rôle dans les meurtres. Ils ont présenté les témoignages de ses collègues en France, qui l’ont décrit comme un médecin exemplaire et une personne empathique.

Me André Martin Karongozi, représentant les plaignants, a expliqué que le Dr Munyemana n’a pas protégé lesTutsi, car il était évident que ceux qu’il emprisonnait dans le bureau du Secteur étaient tués.

Il a déclaré : « Il avait la clé du secteur de Tumba, où il emmenait les gens. Il disait vouloir les sauver, mais il s’est avéré qu’ils allaient de là vers la préfecture de Butare, et plus tard, tous ces gens sont morts. »

Le procureur a expliqué au tribunal qu’en droit français, le meurtre d’une personne est passible de 30 ans de prison, tandis que la tentative de meurtre est punie de 25 ans. Il a souligné que le meurtre de plusieurs personnes est passible à perpétuité, soulignant qu’aucune peine moins lourde ne devait être appliquée dans le cas de Munyemana.

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